Le réseau hydraulique alimenté dans le Pays de Retz

La gestion de l’eau dans le Pays de Retz est une gestion ancestrale. Mais que ce soit aux temps des moines ou aujourd’hui, l’objectif de la gestion hydraulique est le même : tirer les meilleurs bénéfices de l’eau sans en subir trop de conséquences pour l’Homme.
Le temps, les évolutions règlementaires, les prises de consciences individuelles ou collectives, et désormais les évolutions climatiques, nous indiquent que notre gestion hydraulique est prépondérante dans l’avenir de notre territoire. C’est pourquoi, elle est menée de manière collégiale et concertée avec les principaux acteurs au travers de plusieurs instances, dont notamment le comité consultatif de gestion des niveaux d’eau.

De tous temps, l’homme a souhaité maitriser l’eau et en assurer sa gestion. Le Pays de Retz est cerné par l’eau : au nord par la Loire, au sud par le marais Breton, à l’est par le Lac de Grand Lieu et à l’ouest par l’océan Atlantique. Ainsi la gestion hydraulique a toujours existé et elle en a façonné son histoire et son territoire.

L’eau, source de vie, a joué un rôle important dans le développement de l’activité économique du territoire : transports fluvial et maritime, industrie, agriculture, irrigation, loisirs, tourisme… mais elle peut aussi s’avérer néfaste à l’homme : inondations, maladies, conflits, sécheresse.

La gestion de l’eau dans le Pays de Retz est donc un enjeu majeur mais également source de conflits.

Du lac de Grand-Lieu à la Loire : un parcours de l’eau semé d’obstacles

Les eaux du lac, collectées par le « canal Guerlain » et le « canal de l’Etier », parviennent dans l’Acheneau après avoir franchi le vannage de Bouaye (ouvrage construit en 1960). Celui-ci est en général fermé en été et en automne pour éviter un niveau trop bas du lac. Le reste de l’année, il est plus ou moins ouvert pour respecter les cotes de niveau du lac prévues par un arrêté ministériel. Une petite portion de l’eau est évacuée par l’exutoire de la « Maison Blanche » lorsque le lac est au-dessus de la cote 1,80m Buzay (1,32m NGF).

Avant 1870, époque de la construction de la chaussée de Saint-Mars à Bouaye, la sortie du lac était beaucoup plus large et non régulée.

Quelques kilomètres après la sortie du lac, l’Acheneau reçoit en rive gauche le Tenu, puis à la hauteur de la commune de Rouans, il emprunte le canal de Buzay, traverse le canal maritime de la Basse-loire, et rejoint la Loire après avoir franchi l’ouvrage de la percée de Buzay.

Le réseau hydraulique du sud de la Loire, qui permet une connexion entre la Loire au nord et le marais breton au sud est géré par le Syndicat Hydraulique Sud-Loire (SAH).

Les grands cycles de la gestion hydraulique

L’exondation (fait de l’eau de se retirer) de novembre à mars

A cette période, les ouvrages sont manœuvrés pour envoyer l’excédent d’eau de pluie vers la Loire. Les manœuvres ont pour objectifs de limiter les risques de débordements des marais pour la protection des biens et des personnes mais en conservant un ennoiement raisonnable des prairies.

La réalimentation du réseau hydraulique de juin à septembre

Mise en place depuis le début des années 60, cette gestion consiste à prélever de l’eau en Loire en profitant de la marée dynamique qui refoule l’eau douce, à stocker cette eau dans le canal de la Martinière et à la renvoyer dans le réseau hydraulique en inversant le sens d’écoulement de l’Acheneau et du Tenu.

Ce système permet de maintenir un niveau d’eau dans les marais de l’Acheneau, du Tenu et des communes de Vue (44) et de Frossay (44) à la période d’étiage (débit ou niveau le plus faible d’un cours d’eau).

Grâce à la station de pompage de la Pommeraie située sur la commune de Machecoul-St-Même (44) sur le bord du Tenu, 10 500 Ha de marais Breton sont également réalimentés par pompage.

Soit un voyage pour la goutte d’eau prélevée en Loire de plus de 70 km pour finir sa course à la porte de Beauvoir sur Mer (85) dans le marais Breton. Le système peut également fonctionner avec les fins d’écoulements du Lac de Grand Lieu à la fin du printemps ou en début d’été.

En image :

Plaquettes/documents de présentation

La gestion hydraulique dans le Pays de Retz

  • 2024
  • Français
  • pdf
  • 565 Ko
Transcription textuelle

Explication schématique du réseau réalimenté dans le Pays de Retz

Les activités humaines dépendantes du réseau hydraulique

  • L’élevage dans les pré-marais nécessite une exondation précoce au printemps (avril-mai) afin de favoriser la pousse de l’herbe. Le marais doit ensuite rester exondé jusqu’en fin d’automne pour permettre le pâturage et la fauche, et laisser le temps à la végétation de reconstituer ses réserves.
  • La pêche professionnelle sur le Lac de Grand Lieu nécessite un niveau d’eau suffisant toute l’année pour accéder aux zones de pêche. En outre, une exondation trop précoce et trop rapide des prairies compromet la réussite du frai du brochet.
  • L’irrigation agricole et maraichère à partir du réseau réalimenté en été. Mais l’irrigation dépend également des nappes phréatiques. Les niveaux d’eau des zones de marais contribuent au remplissage de certaines nappes.
  • Les activités de loisirs : le tourisme et plus particulièrement autour des espaces naturels remarquables comme le Lac de Grand Lieu, la randonnée, les activités nautiques, …
  • Les pratiques de la chasse aux gibiers d’eau et de la pêche.
Polyculture - élevage de bovins

Des milieux sensibles à la variation des niveaux

Le bon fonctionnement des écosystèmes de nos zones humides comme sur le lac semble favorisé par l’amplitude de la variation des niveaux d’eau :

les roselières ont besoin de périodes d’exondation suffisantes pour accomplir leur cycle végétatif et pâtissent de niveaux d’eau élevés lors de périodes critiques. Les niveaux élevés en hiver permettent la recharge des nappes d’eau périphériques. En revanche, des niveaux bas en période chaude semblent favoriser les épisodes de botulisme.

Un peu d’Histoire…

XI et XII siècles

Travaux d’endiguement et de drainage par les moines

Ces travaux servent à exploiter les zones marécageuses. Elles offrent alors une prospérité considérable grâce à l’exploitation d’herbages de qualité, du négoce du sel, la pêche et du commerce fluvial.

XVIII siècle

Création des "associations syndicales de marais"

Elles rassemblent les propriétaires de marais pour faire face à la complexité de la gestion et aux intérêts contradictoires. Elles sont au nombre de 11 aujourd'hui. Le Lac de Grand Lieu voit plusieurs projets non aboutis pour assurer son assèchement afin de régler des problèmes d’inondations, de maladies (paludisme), d’exploitation des marais.

1972

Création de la société du Canal de Buzay

Association syndicale de marais.

Jusqu’en 1772

Régulation du Lac

Elle débute par des travaux favorisant son écoulement en Loire : creusement de chenaux et arasement de seuils de terre.

1840

Construction d’une chaussé-digue de 1.5 km sur l’exutoire du Lac

La chaussé-digue relie Saint Mars de Coutais à Bouaye. Cet aménagement ampute le Lac d’une partie de sa zone ouest et de sa confluence avec le Tenu.

1957

Création de « L’Union des marais »

Regroupant une grande partie des syndicats de marais. A cette époque, les éleveurs des secteurs de marais font face à 2 problèmes : des ennoiements tardifs qui limitent l’exploitation des prairies basses et un manque d’eau l’été pour assurer l’abreuvement des animaux.

Leur objectif : mutualiser les moyens et investir dans de nouveaux ouvrages hydrauliques :

  • L’achat du canal de la Martinière pour en faire un outil hydraulique majeur
  • La construction de nombreux ouvrages : le Carnet (pour des envois d’eau plus important en Loire), la percée de Buzay et son ouvrage (pour des envois d’eau plus important en Loire mais aussi pour assurer des prises d’eau en Loire), le vannage du Lac de Grand Lieu et la station de pompage de la Pommeraie
  • L’instauration d’une gestion collective et coordonnée à l’échelle du territoire
  • La mise en place d’un système de réalimentation inédit basé sur des prises d’eau en Loire

1984

Création du SAH Sud Loire (Syndicat d’Aménagement Hydraulique du Sud Loire), suite aux inondations et sécheresses sévères des 70-80's. On passe d’une gestion hydraulique assurée par des propriétaires privés de marais, à une gestion partagée avec un syndicat intercommunal, dans une logique de bassin versant. Sont entrepris des travaux d’investissement pour lutter contre les inondations et permettre une meilleure gestion.

1996

A la suite de problèmes financiers de l’Union, le SAH prend la compétence de fonctionnement. Le syndicat confie la gestion hydraulique à un prestataire la Compagnie d’Exploitation des Ports (CEP) – filiale de Véolia qui reprend l’équipe d’éclusiers de l’Union. L’automatisation des ouvrages hydrauliques se met en place dès 1997.

2010

Le SAH ne renouvelle pas le contrat de prestation de la CEP et les élus décident de reprendre en régie le personnel de la CEP. Le SAH prépare également la mise en œuvre du 1er contrat de restauration et d’entretien de zones humides (CREZH) qui verra le jour en 2012.

2018

Prise des compétences GEMAPI

2023

Dissolution du SAH et fusion de son territoire « Acheneau/Tenu » avec le syndicat de bassin versant de Grand Lieu